Ils lui ont longtemps voué une admiration sans borne. Mais depuis quelque temps, l’image d’Emmanuel Macron semble écornée au sein même de son cercle rapproché. Selon les informations du Point en effet, les ministres du gouvernement sont exaspérés par l’attitude du président de la République.
Le chef de l’Etat a perdu de sa superbe. Près de trois ans après son élection, Emmanuel Macron ne jouit plus de l’aura qui lui avait permis d’accéder à l’Elysée. Le président de la République, jugé hautain voire méprisant par ses adversaires depuis de longs mois, exaspère maintenant au sein même de sa garde rapprochée. Après la grogne des députés, c’est au tour des ministres de s’agacer de l’attitude « cassante » du chef de l’Etat. Minés par la contestée réforme des retraites qu’ils doivent défendre, les membres du gouvernement « s’en prennent à celui qu’ils admirent » pour la première fois, écrit Le Point. Dans les arcanes du pouvoir, le ton monte et les critiques fusent. Notamment lors du Conseil des ministres, durant lequel « le président prend rarement la peine de s’exprimer », las d’être questionné sur des sujets de moindre importance. Peu enclin au dialogue, Emmanuel Macron préférerait les petits papiers aux franches discussions et n’hésite pas à solliciter le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, pour faire passer ses messages aux ministres.
« Il commence à avoir tous les symptômes de Sarko, il méprise les gens, il les toise de son intelligence », juge même un membre d’un ministère auprès du Point. Cette supposée vanité se ressentirait donc même au sein du gouvernement. « Les ministres disent de lui qu’il se caresse devant les miroirs », explique-t-on. Le collaborateur d’un autre ministre a même osé une imitation peu flatteuse : « C’est moi le roi et ce sont mes députés, mes gens ». Nos confrères décrivent une ambiance pesante à l’Elysée, où « les noms d’oiseaux volent et où certains sont affublés d’un petit nom désobligeant ». Symbole de la mésentente qui règne ? La réunion de crise du 11 février dernier durant laquelle Emmanuel Macron a tenté d’apaiser les députés après sa critique acerbe. A l’Elysée ce jour-là, aucun ministre du gouvernement hormis Marc Fresneau… celui des Relations avec le Parlement. La réforme des retraites, c’est justement le sujet qui a cristallisé les mauvaises relations entre Emmanuel Macron et ses ministres.
« Personne ne se sent aidé, soutenu, porté… »
« À Matignon, ils ne savent pas manager. Si vous prenez des gens brillants et que vous les faites travailler sans coordination, il y a forcément des couacs, regrette Jean-Marc Borello, pourtant un ami du président de la République, dans Le Point. Et on les a épuisés : tous travaillent comme des fous. Il faut prendre du temps pour travailler ensemble, réfléchir, prendre un verre… Se parler. » Refroidis par un Emmanuel Macron spécialement glacial, les ministres se sentiraient presque abandonnés. « Ils se disent : ‘Qu’est-ce que j’ai à proposer au président ? Est-ce qu’il est de droite, de gauche ?’. Ils ont du mal à le percer, ils n’ont pas de boussole », assure un membre de la majorité, toujours auprès de nos confrères. Pire encore, les ministres auraient l’impression d’être seuls face aux Français mécontents qui risquent de leur faire subir un revers important aux élections municipales. « Ni le président ni le Premier ministre n’a confiance en eux, assure un collaborateur. Ils ne leur envoient jamais de texto pour dire : ‘Tu as bien défendu ton texte’. Personne ne se sent aidé, soutenu, porté… »
Résultat ? Les ministres ont davantage démissionné durant la première moitié du mandat d’Emmanuel Macron que ce ne fut pour ses trois prédécesseurs. Dernière en date : Agnès Buzyn, qui a récupéré la tête de liste LaRem pour les municipales de Paris après l’abandon de Benjamin Griveaux. La treizième ministre à quitter le gouvernement depuis mai 2017 et pas n’importe laquelle puisqu’elle était en première ligne des dossiers sensibles de ces dernières semaines, la réforme des retraites, l’épidémie de coronavirus ou encore la crise de l’hôpital public… Après les élections municipales – et le revers important que la majorité s’attend à essuyer -, l’hypothèse d’un remaniement ministériel se fait de plus en plus probable. Mais en attendant d’être fixés sur leur sort, les ministres serrent les dents. Quant à Emmanuel Macron, il n’a qu’un objectif selon Le Point : celui de l’élection présidentielle de 2022.
Crédits photos : Stephane Lemouton / Bestimage
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